Les 28 et 29 novembre 2022, l’Université de Tunis et l’Institut international pour la Francophonie (2IF) de l’Université Jean Moulin Lyon 3 ont organisé un colloque international intitulé Francophonie numérique et diversité culturelle : dynamiques centrifuges et centripètes. Cet événement s’est déroulé à la Bibliothèque nationale de Tunis, en marge du 18ᵉ Sommet de la Francophonie à Djerba, et a rassemblé des chercheurs de l’espace francophone, venus d’Europe, d’Afrique, des Amériques et d’Asie.
Ce colloque a offert un espace d’analyse des enjeux de la transition numérique au sein de la Francophonie en explorant comment cette révolution influence la diversité culturelle et les interactions entre nations. Il a offert une opportunité de comparer les expériences, les travaux et les pratiques des différents continents, souvent peu étudiés de manière conjointe. Les discussions ont porté sur l’impact des nouvelles technologies, les défis et les avantages liés à l’accès aux contenus culturels et aux ressources éducatives dans l’espace francophone.
Ma communication au colloque a porté sur La fracture numérique comme obstacle à la diversité culturelle. Le développement des technologies de communication ouvre certes des portes pour l’échange culturel, mais il accentue aussi des inégalités, surtout dans les pays du Sud.
L’essor spectaculaire du numérique et des moyens de communication facilite la libre circulation des idées et des informations à travers le monde. C’est un atout considérable pour une meilleure connaissance des cultures, le déracinement de certains préjugés et l’amélioration des rapports entre les nations. Comme l’a écrit M’Bow (1982 : 318), notre connaissance de la diversité et de la richesse des cultures des différents peuples, autrefois des plus superficielles, peut dorénavant s’élargir, s’approfondir, « se concrétiser par les multiples contacts que permettent les moyens de la communication ».
Cela n’enlève pas pour autant les freins à la reconnaissance de la diversité culturelle. En effet, les progrès techniques marchent de pair avec la fracture numérique, traduite, entre autres, par un déséquilibre dans l’utilisation des moyens de communication. Il en résulte une double méconnaissance : les communautés nationales et locales méconnaissent leurs propres réalités sociales, alors que les vraies réalités des pays du Sud sont absentes de la scène internationale.
Il s’agit d’un enjeu qui concerne de nombreux pays du Sud anciennement colonisés et que nous souhaitons aborder à partir du cas d’Haïti : celui de l’usage des outils de la communication numérique par les institutions publiques d’Haïti dans le cadre des actions visant la valorisation du patrimoine culturel haïtien dans une perspective de construction identitaire.
